Retour au pays. Au pays. Comme si après tout ce temps, après ces déconfitures, j'avais encore un chez moi. Ah ! Même chez ma mère, sur la Terre, ce n'était plus chez moi. Une apatride, foulant à nouveau le sol d'Andraste pour des besoins purement pratiques : un vieux serment à honorer. Si j'avais la trouille de rentrer ? Vous voulez rire ? J'attendais ce moment depuis une éternité. Lui aussi. Me rendre à nouveau utile et récupérer mon dû. Le vol s'était passé sans encombre. Prudence est mère de sûreté, ouais, je connais la chanson. Avec des faux papiers mais la même tête qu'à mon départ, j'avais intérêt à faire gaffe. J'étais quand même au courant, merci. 'pas comme si j'avais été milicienne, jadis. Dans une autre vie, presque.

Ouais, une autre vie. En baroudant dans l'espace, en évitant la civilisation un max, en vivant en solitaire, il y avait eu une césure. Une vraie césure avec l'avant. C'est ça dont j'avais eu besoin. Faire le vide pour repartir sur de nouvelles bases. Ne garder que ce qu'il fallait. Ouais, un souvenir, un but, un gun. Et r'trouver un vaisseau. Mon essentiel, c'était ça. Rien d'autre et certainement pas cette planète. Même si j'avais hâte d'atterrir. Patiente ? Vous vous foutez de moi ? Oo J'ai vraiment une tête à aimer me tourner les pouces ? Quand j'pilote pas, je déteste rester assise à attendre que ça passe. Surtout qu'en général, je trouve le vol ennuyeux à mourir et le pilotage désastreux. Les traversées calmes, sans mouvement, ça n'a jamais été mon rayon.

Quand mes pieds regagnèrent la terre ferme, j'eus un soupir de soulagement et une pensée pour le pauvre pilote : l'avait bien fait d'pas entrer dans la Milice, ce gars. Sérieux, dans le genre "vols mortels", il excellait, mais le reste ? En demander trop ? Moi ? Ja-mais. J'demandais juste la paix et celle des miliciens, je la payerais de ma vigilance constante et absolue. C'était pas le moment de faire un pas de travers. J'étais pas venue ici pour me faire buter dès l'arrivée. Ca aurait manqué de sel. Je me faufilais vers l'intérieur, cherchant du regard qui pourrait être mon contact. Il ne fallut pas trois plombes avant qu'une blonde n'attire mon attention. Une blonde dont je reconnaissais la voix et le visage. Pfiou, ça faisait bizarre, quand même, de revenir. Même les souvenirs qu'on croit abandonnés définitivement reviennent tôt ou tard à la surface. ◘ Siria ! Je suis là ! ◘ Hey ! ◘ Grand sourire, signe de tête, pas rapides dans sa direction. Fendre la foule n'était pas un problème. Rester discrète était une autre paire de manches. ◘ Comment vas-tu, ma belle ? Je suis contente de te revoir ! Tu n'as que ça comme bagages ? ◘ Ca va super bien, ces vacances m'ont remise d'aplomb. Et, ouais, j'ai que ça mais c'est bien suffisant. ◘ Juste un sac avec le minimum. Il ne me restait rien hormis mes convictions qui remplissaient facilement toute la place vacante. ◘ Alors, on va fêter nos retrouvailles dans quel coin ? ◘ Interrogeais-je en lui emboîtant le pas, pas spécialement encline à moisir dans le secteur. J'virais pas parano, non, mais je l'avais dit : me faire griller et mourir maintenant n'était pas dans mes plans.