Andraste
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8o ans...

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MessageSujet: 8o ans... 8o ans... Icon_minitimeDim 30 Mai - 0:57


*o*


Je n’avais dormi que trois heures. A vrai dire la conversation avec Erael avait eu le don de me rappeler pas mal de souvenirs et donc cela avait hanté mes rêves pendant pas mal d’heures avant qu’un sommeil réparateur vienne enfin me trouver. Quand le réveil sonna, je sortis ma délicate main blanche de mes draps pour aller l’éteindre et je m’étirais félinement tout en ouvrant mes yeux. Je n’avais aucun soucis à me lever et ce matin encore moins. 5 heures. C’était l’heure de la première prière aussi je me redressais rapidement avant de partir vers le petit autel qui se trouvait dans mon salon. Je me mis à genoux avant d’ouvrir les portes qui protégeaient la statuette de notre déesse et allumer quelques encens et bougies avant de commencer à réciter différentes prières pour louer allégeance à Laùiiish. Cela dura un bon quart d’heure avant que je me relève en refermant les petites portes en fer travaillé pour pouvoir me rendre ensuite à la douche. J’y restais un bon moment en touchant toutes les cinq minutes mon médaillon autour de mon cou comme je trouvais logique de faire les prières complètes. En effet il y avait des prières simples et des plus complexes à réaliser dans une journée mais moi je m’astreignais toujours à faire les plus complexes. Je n’avais pas choisi de devenir une prêtresse mais cela n’empêchait que je me devais de respecter mes croyances et de prier pour mon peuple.

Un petit quart d’heure plus tard, j’en sortais avant d’entendre sonner à ma porte. Zut ! Je sortis de ma salle de bain en glissant légèrement sur le carrelage avant de regarder ma chambre. Bon il allait attendre quelques secondes aussi je partis rapidement vers ma chambre où je me séchais rapidement avant de jeter ma serviette sur mon lit et je récupérais une simple robe beige légère d’été que je passais d’un geste rapide. Je passais un boxer puis récupérais mon chapelet que je passais autour de mon poignet avant de revenir vers l’entrée de mon appartement et d’ouvrir la porte.

    SARINAH - Bonjour El. Excuses moi pour l’attente.

Je lui adressais un doux et charmant sourire avant de me décaler légèrement pour le laisser entrer chez moi. Nous ne nous étions pas vus pendant 8o ans et même si nous ne vieillissons pas, je trouvais qu’il avait muri. C’était visible. Les années de travail ici l’avait rendu encore plus homme qu’il ne l’était dans mes souvenirs et j’étais heureuse de le trouver ainsi. Il était aussi plus « sombre » et c’était visible pour moi. El n’avait pas pris le côté le plus simple dans le combat pour notre prêtresse aussi il était bien plus sombre que sa sœur ou que moi-même mais c’était aussi pour ça que nous étions à ses côtés. Nous avions tous accepté ce qu’Elle avait décidé pour nous et c’était ainsi. Moi-même j’avais changé. J’étais devenue plus femme, bien plus sure de moi, même si je n’avais jamais vraiment eu de soucis de ce côté. La petite tache marron que j’avais dans mon œil droit avait maintenant tout recouvert aussi j’avais les yeux entièrement vairons. Un œil bleu clair et un œil marron. Je portais aussi sur l’intérieur de mon coude, de mes épaules et de mes genoux des taches violacées qui trahissait la dégénération des nerfs que j’avais. Il ne l’avait jamais vu avant mais je ne le cachais. Laùiiish me donnait une épreuve et je l’acceptais tout simplement… J’avais gardé la fragilité que j’avais toujours eu…

Je refermais la porte derrière lui avant de m’approcher pour l’embrasser avec douceur sur la joue en me mettant sur la pointe des pieds avant de lui adresser un doux sourire.

    SARINAH - La fin de ton service n’a pas été trop dure ? Tu prends toujours du café ?

Demandais-je en me dirigeant vers la cuisine pour pouvoir commencer à préparer le petit déjeuner.

*o*
Sarinah Mit
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MessageSujet: Re: 8o ans... 8o ans... Icon_minitimeDim 30 Mai - 2:37


□ □ □ □ □

La nuit n'avait pas franchement été animée. Nous n'avions reçu aucun appel, ça avait été le calme plat. L'unique moment mouvementé de la soirée avait été le moment où le gamin s'était perdu entre la cafetière et mon bureau et où j'avais engueulé pour qu'il m'apporte ma dose de caféine plus vite. Heureusement pour tout le monde, j'avais reçu un appel de Sarinah à ce moment ce qui m'avait occupé et calmé rapidement. Autrement, j'aurais eu pas mal de papiers à remplir pour expliquer à mes supérieurs pourquoi le gamin se retrouvait à faire une planque totalement inutile dans le quartier des affaires, dans un des appartements miteux qu'on refilait aux familles d'epsilons.

Bref, tout était bien qui finissait bien. Ou recommençait ? Vu le nombre d'années durant lesquelles j'avais perdu contact avec Sarinah, cela paraissait plus approprié. Quatre-vingt ans. Presque un siècle. C'était à la fois peu et énorme pour un Xon. Et malgré toutes ces années, lui parler était naturel, cela coulait tout seul et sans efforts comme si nous ne nous étions pas séparés après mon départ.

Avec un soupir, je me reconcentrais sur mon travail immédiatement. Pas qu'il soit franchement passionnant - je détestais cette facette de mon job - mais il était hors de question que je fasse des heures supplémentaires pour ce genre de conneries d'administratifs.

Il était presque l'heure de ma fin de service lorsque je terminais de parapher le dernier compte-rendu de mission. Aussi passais-je par la salle de prière aménagée à l'intention des xons pour le Premier Recueillement. Contrairement à ma sœur ou à Sarinah, je n'effectuais pas les prières les plus compliqués, me contentant de mettre tout mon cœur dans les plus simples que je récitais pourtant dans leur intégralité. N'ayant pas perfectionné mes connaissances des textes sacrés après ma majorité, je ne maîtrisais pas les subtilités des prières plus complexes. Mon engagement auprès de la Déesse était, de toute façon, d'une autre nature.

Ma prière terminée, je sortis en silence de la pièce pour ne pas déranger les collègues qui continuaient de communier et je me rendis aux vestiaires où je me débarrassais de mon uniforme pour des vêtements de ville. Après avoir enfilé mon blouson, je quittais la Tour pour me rendre à l'appartement de Sarinah. Elle m'avait dit habiter dans l'ouest de la ville et j'avais profité d'un moment de libre pour aller chercher son adresse exacte. Etre capitaine avait du bon pour ça.

A cette heure, le Tube était bondé de personnes se rendant à leur travail. Des gens qui bossaient en dehors de la ville pour la plupart. Leurs horaires étaient décalés par rapport à ceux qui avaient un job en ville. Par chance, mon statut de bêta me permettait d'emprunter la cabine des alphas. Vu l'heure très matinale, il y avait peu de chance pour que je tombe sur l'un d'eux.

La navette me déposa bientôt à la station qui se trouvait à deux pas de chez Sarinah et si je m'arrêtais en chemin pour récupérer de quoi petit déjeuner dans la cantine communautaire - à cette heure, je pouvais toujours rêver si je voulais trouver une boutique ouverte -, il ne me fallut pas longtemps avant d'arriver devant sa porte.

Un sourire naquit tout naturellement sur mes lèvres lorsque la porte s'ouvrit. Le simple fait de la voir m'avait toujours fait sourire et même après toutes ces années, sa présence douce et chaleureuse calmait toujours aussi bien le côté moins présentable et plus rude de ma personnalité. □ □ □ Bonjour
El. Excuses moi pour l’attente. □ □ □ Ce n'est rien, Shari. L'attente était un bien maigre désagrément face au plaisir de te revoir. □ □ □ J'entrais sans me faire prier et après qu'elle eut refermé la porte, je me penchais, par automatisme, vers elle pour recevoir son baiser.

Si nous n'avions pas été Xons, sans doute aurais-je été étonné de retrouver aussi facilement les gestes d'antan. Mais quatre-vingt ans n'étaient pas grand chose et ces années s'étaient écoulées si vite que j'avais l'impression de l'avoir quittée il y avait quelques semaines à peine. Pourtant nous avions changé. Elle était plus femme que lorsque je l'avais quitté. Et sans le moindre doute, j'étais plus rude et moins convenable qu'autrefois. Avec un sourire, je frôlais sa pommette droite du bout des doigts avec un sourire. □ □ □ Aelil m'a dit que tu as l'oeil de Laùiiish désormais. □ □ □ Depuis ma naissance, je ne voyais pas les couleurs, c'était une notion qui m'était totalement inconnue. Mais je savais ce que cela représentait et Aelil m'en avait parlé, un an plus tôt, lorsqu'elle avait revu sa meilleure amie.

J'abandonnais mes chaussures dans l'entrée et la suivis dans la cuisine. □ □ □ La fin de ton service n’a pas été trop dure ? □ □ □ Ennuyeuse puisque je l'ai passée à rattraper mon retard dans mes dossiers mais ce n'était pas particulièrement éprouvant. □ □ □ Tu prends toujours du café ? □ □ □ Toujours, ça n'a pas changé. □ □ □ Acquiesçai-je en déposant ce que j'avais rapporté sur la table. Quelques pâtisseries xones comme des gâteaux aux épices que nous avions l'habitude de manger au petit déjeuner ainsi que des fruits.

□ □ □ Veux-tu de l'aide ? □ □ □ Proposai-je.

□ □ □ □ □
Eraël Oùr
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    MessageSujet: Re: 8o ans... 8o ans... Icon_minitimeDim 30 Mai - 3:23


    *o*

    8o ans ce n’était pas long pour un Xon… En tout cas pour moi ce n’était pas long et quand j’avais entendu la voix d’El au bout de mon T-GAP j’avais tout de suite senti que les années n’avaient pas eu d’influence sur tout ce qui avait pu me lier à lui alors que j’avais a peine 2o ans. Sa voix était plus mature mais elle restait la voix chaude qui me réconfortait et qui m’apportait sa force quand j’étais plus jeune et que, bien que je sache ce que je désirais faire, j’avais besoin d’entendre pour me sentir bien. Tout comme Aelil avait une voix posée qui me donnait toujours l’impression de pouvoir tout confier, tout dire. 8o ans c’était peu et énorme en même temps et en posant mes yeux sur lui je voyais bien les changements qui s’étaient opérés et je ne les trouvais que logique. El et moi n’étions pas dans la même sphère de « prêtrise » tous les deux mais nous avions toujours été plus complémentaires que différent et j’étais heureuse de pouvoir renouer contact avec lui aujourd’hui. Oui j’aurais pu le faire bien plus tôt car j’étais tout de même ici depuis deux ans mais, comme nous l’avions pensé déjà trois ou quatre fois, le temps n’était rien pour les Xons et j’avais eu beaucoup à faire en venant prendre ma place auprès de l’Eminence comme je désirais être parfaite pour cette tâche et que j’avais eu beaucoup à apprendre. Maintenant que tout était naturel pour moi dans mon travail, je pouvais me poser maintenant et regarder autour de moi. Après Aelil, El avait donc été naturellement la personne avec qui je voulais reprendre contact. Je n’étais pas une jeune femme qui était entourée de grand monde car je n’en avais pas besoin comme j’étais en communion avec mon peuple grâce à Laùiiish.

      EL - Ce n'est rien, Shari. L'attente était un bien maigre désagrément face au plaisir de te revoir.
      RINAH - Tu sauras toujours comment me rendre heureuse....

    Fis-je avec douceur en le regardant de nouveau. Non cette rencontre n’avait pas un but précis pour moi. El avait toujours été important pour moi et aujourd’hui je retrouvais tout simplement le plaisir de sa présence. Nous nous étions toujours particulièrement bien compris… Jusqu’à comprendre parfaitement les choix l’un de l’autre aussi, aujourd’hui, je me contentais de me conduire comme je l’avais toujours fait avec lui. Après tout rien n’avait changé pour moi… Je me mis à rosir quand il posa ses doigts sur ma pommette droite. Je savais qu’il ne voyait pas les couleurs aussi, naturellement, je baissais légèrement les yeux en penchant délicatement ma tête à droite. C’était un signe que j’avais pris l’habitude de faire quand il me faisait rougir car c’était quelque chose qu’il ne pouvait voir et je savais qu’il aimait savoir ce que je pouvais ressentir aussi beaucoup de mes sentiments passaient plus par de légers mouvements pour lui…

      EL - Aelil m'a dit que tu as l'œil de Laùiiish désormais.
      RINAH - La légère tâche que la déesse m’avait accordé à ma naissance a recouvert entièrement mon œil aujourd’hui en effet. Vu les temps, il est normal que Laùiiish désire rappeler aux siens sa présence en chacun d’entre nous.

    Pour moi tout était normal et un signe de la déesse. Et j’étais fière de mon œil. Peu de gens pouvaient se vanter d’avoir l’œil de Laùiiish et il était normal pour une conseillère comme moi de porter Sa parole ainsi.

      EL - Ennuyeuse puisque je l'ai passée à rattraper mon retard dans mes dossiers mais ce n'était pas particulièrement éprouvant.
      RINAH - Ton nouveau est toujours en vie ?

    Demandais-je avec malice tout en commençant à partir vers la cuisine histoire de pouvoir préparer le café. Je savais qu’El aimait cela mais je préférais être sure que ses gouts n’avaient pas changé. Après tout il pouvait avoir rencontré quelqu’un qui lui avait fait changer ce qu’il aimait. Je pensais qu’Aelil me l’aurait dit mais au vue de la façon dont elle se mettait à sourire quand je lui disais que je devais reprendre contact avec El, je me disais aussi qu’elle pouvait me faire entendre juste ce qu’elle avait envie… x).

      EL - Toujours, ça n'a pas changé. Veux-tu de l'aide ?
      RINAH - Reposes toi donc… Après tout c’est toi qui finit ta journée…

    C’était à lui de se reposer aussi je lui adressais un doux sourire de la cuisine comme elle était ouverte sur le salon. J’aimais avoir un appartement avec le moins de cloison possible car j’avais besoin de pouvoir voir mon autel de tous les endroits où j’étais le plus souvent. Ne prenant pas souvent mon café chez moi, je me levais sur la pointe des pieds pour pouvoir le prendre dans un placard du haut avant de sentir mon genou céder sous moi. J’eus un moment de déséquilibre suivi d’une légère décharge qui signifiait que quelques nerfs avaient cédé mais je me repris tout de suite sans l’ombre d’un mouvement de douleur ou autre sur mon visage. J’en avais l’habitude maintenant et ce n’était qu’une épreuve parmi d’autres. Après tout il fallait savoir prouver tous les jours de quoi on était digne.

    Sentant le regard d’El sur moi, je me retournais pour lui adresser un léger sourire avant de céder au fait qu’il m’aide donc je me contentais de mettre en route la machine à café en lui laissant faire le reste avant d’aller chercher deux tasses dans un autre placard pour ensuite tout ramener sur la table du salon. Par gourmandise -être religieux ne symbolisait pas oublier tous les plaisirs de ce monde- je regardais dans le sac avant d’avoir les yeux pétillants de malice et je posais les biscuits sur une assiette en suçant ensuite le bout de mes doigts.

      RINAH - J’ai l’impression que c’était juste hier que tu m’expliquais ce que tu voulais faire de ta vie et pourtant cela fait 8o ans… C’est rien et en même temps…. Nous avons fait tellement de choses depuis… Tu te plais toujours autant dans ton travail ?

    Je m’installais juste à côté de lui sur le canapé en repliant mes genoux sous moi pour me mettre légèrement de travers. Je m’appuyais délicatement contre son épaule en le regardant de nouveau intensément.

    *o*
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    MessageSujet: Re: 8o ans... 8o ans... Icon_minitimeLun 12 Juil - 15:18


    □ □ □ □ □


    La porte s’était ouverte sur Sarinah, et tout naturellement, le regard de l’homme s’était fait moins dur, plus doux. La plupart de ses collègues le décrivaient souvent comme ça : efficace, compétent, tacticien mais implacable, sombre, extrémiste et… peut-être même brutal et impitoyable. Il y avait toujours cette aura de prédateur qui transparaissaient dans chacun de ses gestes. Et quand il portait son uniforme, c’était pire. Il n’était pas difficile de voir qu’il était quelqu’un de dangereux. Quelqu’un qui, et l’expérience l’avait prouvé, n’hésitait pas à abattre ses propres hommes s’il s’avérait qu’ils trahissaient. Qui savait faire fi des liens affectifs pour atteindre son objectif.

    Plus jeune, pourtant, il n’était pas bagarreur, ce n’était pas non plus le genre à fréquenter les bandes ou ce genre de choses. Il avait toujours été calme, posé, presque imperturbable. Mais il y avait toujours eu cette sensation désagréable de danger autour de lui. Et il n’y avait jamais eu qu’Aelil et Sarinah pour parvenir à faire disparaître ça. Il n’y avait qu’elles pour connaître un Eraël qui savait se montrer plus tendre, plus attentionné. Un Eraël plus humain en somme.

    □ □ □ Tu sauras toujours comment me rendre heureuse... □ □ □ Un sourire vint courber une bouche qui, ces dernières décennies, n’avait que trop eu l’occasion de grimacer. Mais avec Sarinah, ce sourire, à la fois amusé et tendre, c’était comme une évidence. C’était présomptueux, et c’était aussi le pire cliché qu’il avait jamais vu. Mais c’était vrai.

    Sa réaction lorsqu’il toucha sa pommette, frôlant au passage la peau veloutée de la joue, l’informa avec plaisir qu’il n’était pas le seul à reprendre naturellement ses marques. Le passé n’était pas si loin et les miettes d’inquiétude qui venaient parasiter son esprit disparurent aussitôt. Quelque part, il avait besoin de ces repères. Même s’il ne les voyait pas, même s’il les perdait de vue, il avait besoin de savoir que les liens qui l’unissaient à sa sœur et à Sarinah ne changeaient pas, qu’importe la course du temps. Elles étaient les gardiennes de son humanité, son havre de tranquillité et de paix.

    Il suivit dans la cuisine, déposant son fardeau culinaire sur la table avant de se tourner vers elle. □ □ □ Ton nouveau est toujours en vie ? □ □ □ Oui, on m'a interdit de le tuer. □ □ □ Plaisanta-t-il en s'appuyant contre la plinthe de bois qui marquait l'entrée de la cuisine.

    Bien qu'elle refusa son aide, il n'alla pas l'attendre dans le salon pour autant, préférant l'observer de là où il était. Son regard traînait sur le corps de Sarinah comme une caresse et il s'émerveillait de la retrouver plus belle qu'il l'avait quitté. Sarinah avait toujours été belle à ses yeux. Elle n'était pas apprêtée, mais sa simplicité et sa grâce naturelle faisaient son charme. Quant aux tâches qu'il percevait en nuances de gris un peu plus prononcées sur sa peau, elles ne déparaient en rien sa beauté. Mais c'étaient surtout ses gestes qui la rendaient plus belle et bien plus femme aussi.

    Lorsque son genou se déroba sous elle, il ne fut pas long à se retrouver à ses côtés, son bras tendre se glissant autour de sa taille fine pour la retenir. Il savait ce que c'était, Aelil l'avait déjà mentionné et ce genre d'incidents était arrivé, bien que ce fut exceptionnel il y a quatre-vingt ans. Tous les Xons avaient leur épreuve à surmonter, certaines étaient plus difficiles que d'autres. Mais tous l'acceptaient, les hérétiques mis à part. Pour autant, Eraël ne voyait pas ce qui l'empêchait de l'aider. Son instinct protecteur, c'était aussi quelque chose qu'elle réveillait en lui.

    Fronçant les sourcils, il lui fit savoir qu'il prendrait la suite des opérations et sans même qu'il s'en étonne, il trouva excessivement facilement où se trouvait chaque chose. C'était la première fois qu'il venait ici mais il connaissait si bien Sarinah qu'il n'avait aucun mal à deviner où elle rangeait chaque chose. La table dressée et le jus de Riscus pressé - un fruit de leur planète mère -, il la rejoignit. Il s'amusa de la voir se lécher le bout des doigts avec gourmandise. C'était déjà quelque chose qu'elle faisait lorsqu'ils étaient plus jeunes.

    □ □ □ J’ai l’impression que c’était juste hier que tu m’expliquais ce que tu voulais faire de ta vie et pourtant cela fait 8o ans… C’est rien et en même temps…. □ □ □ Oui, je m'en souviens également. A l'époque, Aelil ne voulait pas me laisser partir seul pour Andraste. □ □ □ Sourit-il. Il n'y avait pas beaucoup de monde pour comprendre pourquoi il devenait milicien plutôt que de devenir prêtre soldat. □ □ □ Nous avons fait tellement de choses depuis… Tu te plais toujours autant dans ton travail ? □ □ □ J'adore mon travail. Ce n'est pas facile tous les jours mais il me plaît. □ □ □ Il y avait eu des moments où il faisait encore des cauchemars parfois, de ceux qu'on ne raconte pas. Et il y avait eu des déceptions. Des gens auxquels il s'était attaché et qui avaient disparus. D'autres qui l'avaient trahi et avec lesquels il avait tranché tout lien. Pour autant, il y avait aussi de bons moments. Avec ses gars ou avec d'autres. Et à dire vrai, c'était peut-être le seul boulot qui lui convenait, qui l'occupait et l'empêchait de tourner en rond comme un lion en cage. Il avait l'âme d'un soldat plus que d'un gardien. □ □ □ Et toi ? Raconte-moi. Ce n'est pas trop dur au milieu de tout ces politiques ? □ □ □


    □ □ □ □ □
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      MessageSujet: Re: 8o ans... 8o ans... Icon_minitimeDim 25 Juil - 20:10

      *o*
      J'aimais le voir sourire. C'était tellement rare... Enfin peu en notre présence à Aelil et moi mais je ne savais que trop bien l'impression qu'il pouvait donner aux autres. El avait toujours été un jeune homme qui dégageait une aura que peu appréciait. Il aurait pu être un magnifique gardien prêtre mais il en avait décidé autrement et je l'avais toujours soutenu dans ses choix. Si c'était réellement ce qu'il désirait je ne voyais pas pourquoi il faudrait lui demander de faire autre chose. Il suivit le chemin qui était logique pour lui et celui que lui avait donné la déesse et elle savait toujours où devaient se trouver ses enfants. Tout comme moi qui aurait pu être une grande prêtresse mais qui avait préféré devenir la secrétaire et conseillère de l'Éminence car je savais que les miens avaient besoin d'un lien entre le haut gouvernement de cette planète et les temples. Ce serait bien plus facile pour pouvoir étendre notre parole et cela me permettait d'être en constante communication avec tout le monde et de tenir au courant l'Éminence. Celui ci avait beau être l'ancien le plus respecté de notre monde il ne pouvait être partout aussi c'était avec plaisir que j'étais devenue un peu plus qu'une simple secrétaire.

      En attendant, aujourd'hui, je le retrouvais sans avoir l'impression que 8o ans s'étaient écoulés même s'il était bien plus sombre que la dernière fois que je l'avais vu mais cela ne me dérangeait toujours pas. Il avait juste besoin d'être épaulé même si c'était un homme fort. Et ce n'était pas pour rien que j'avais aussi repris contact avec lui. Personnellement je ne l'en trouvais que plus beau et charismatique... Moi même j'avais évoluée, j'étais devenue une jeune femme plus épanouie n'ayant pas besoin de courir pour arriver à ce qu'elle désirait exactement. Et, en cette matinée, j'étais heureuse de retourner le seul être qui pouvait manquer à mon tableau puisqu'il avait toujours été évident pour moi que ce serait, un jour, Erael et personne d'autre. Il fallait juste que j'œuvre d'abord sur les miens avant de penser à moi même pour le bien de tous.
        EL - Oui, on m'a interdit de le tuer.
      Je me mis à rire à cette réponse en le regardant avec malice avant de partir vers la cuisine pour pouvoir commencer à préparer le petit déjeuner. J'avais beau adoré mon ami, je ne savais que trop bien qu'il devait être doué pour bizuter un nouveau... Surtout si celui ci mettait du temps à comprendre comment son chef fonctionnait. Toujours amusée de cette histoire, je me retins de justesse quand mon genou se déroba sous moi avant de sentir le bras d'El s'enrouler autour de ma taille. Je fermais les yeux quelques instants en posant l'arrière de ma tête contre son torse, appréciant de sentir de nouveau sa force contre moi avant de lui adresser un doux sourire et d'accepter son aide finalement. Je savais qu'il ne me laissait pas le choix de toute façon donc autant le laisser faire. Je me contentais de faire de la place pour pouvoir tout poser sur la table basse avant de prendre place en m'appuyant délicatement contre lui.
        EL - Oui, je m'en souviens également. A l'époque, Aelil ne voulait pas me laisser partir seul pour Andraste.
        SHARI - Et je désirais que tu fasses ce qui était important pour toi...
      Et pourtant j'avais du le laisser partir et autant dire que, malgré tout ce que je pensais penser et croire, j'avais eu du mal à me faire à son absence. Mais j'étais assez croyante pour me dire qu'on se retrouverait un jour et j'étais heureuse que cela soit le cas aujourd'hui même s'il y avait 8o ans de passé et que je ne connaissais pas tout de la vie d'El sur cette planète...
        EL - J'adore mon travail. Ce n'est pas facile tous les jours mais il me plaît. Et toi ? Raconte-moi. Ce n'est pas trop dur au milieu de tout ces politiques ?
        SHARI - Il suffit de savoir leur parler et tout se passe très bien.
      Je n'avais pas vraiment de mal à me faire apprécier des gens ayant une assez bonne psychologie pour comprendre comment ils fonctionnaient et donc ensuite pouvoir me servir de cela pour parvenir à mes fins. Tout cela avec une parfaite douceur bien entendu comme je ne perdais jamais de vue les objectifs que je m'étais fixée... Comme ma mère disait souvent j'étais une jeune femme avec une poigne de fer dans un gant de velours....
        SHARI - L'Eminence a confiance en moi aussi il me confie beaucoup de travail mais cela me convient. Je peux ainsi prendre soin des nôtres en liant le gouvernement à nos propres convictions.
      Et cela me permettait d'agir pour tout le monde sur Ixchel ce qui me convenait parfaitement... Délaissant pour l'instant le petit déjeuner, je posais délicatement ma main sur le torse d'Erael avant de poser mon front contre sa tempe et de fermer les yeux.
        SHARI - Tu m'as manqué...
      Murmurais-je à son oreille. Même si j'étais consciente de tous nos engagements et de nos désirs, je ne pouvais mentir et dire qu'il ne m'avait pas manqué... Je déposais un léger baiser à le commissure de ses lèvres.

      *o*
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      MessageSujet: Re: 8o ans... 8o ans... Icon_minitime


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